Ouarzy's Blog

J’accuse les développeurs.

Ceux qui acceptent sans broncher d’écrire du code de mauvaise qualité, qui n'essayent pas de mettre en place de bonnes pratiques de notre industrie, tel que les tests unitaires automatisés.

Je les accuse de participer à la dévalorisation de notre profession. Se comporter ainsi, c'est laissé croire que le niveau d’expérience ne change rien, puisqu'un junior est tout aussi capable que vous d’écrire du code non maintenable.

A ces développeurs je dis: si vous aimez la technique prenez vous en main.  Il n'y a pas d'excuse pour produire du code de mauvaise qualité. Faites en sorte d'être fier de ce que vous produisez, et améliorez vous en permanence. Renseignez vous sur les bonnes pratiques à travers des conférences, des blogs et des user group.

J’accuse les chefs de projet.

Ceux-là même qui sont tellement incompétent en informatique qu’ils ne sont capables de juger une personne qu'en fonction de ses horaires de bureaux, et de la rapidité avec laquelle il prétend avoir "fini" une fonctionnalité.

Je les accuse de mettre une pression malsaine à leurs équipes, en mettant l’accent sur des critères qui ne favorisent pas la réussite du projet qu'ils sont censés mener à bien. Je les accuse de plus penser à chercher des coupables et à garder leur place, que de chercher des solutions pour que leur projet réussisse.

A ces chefs de projet je dis: faites bien votre métier, gérez les priorités et protégez l’équipe des interruptions. Si vous êtes incapable d’évaluer un développeur, reposez vous sur le ressenti qu’ont les autres développeurs de son travail.

J’accuse les SSII (ou les ESN, au choix).

Celles qui recrutent 80% des jeunes développeurs en sortie d’école. Et qui vont ensuite les laisser seul, pendant plusieurs années, sans jamais les former et en limitant au maximum les augmentations. Celles qui leur expliqueront après quelques années de travail que le mieux pour être augmenté c'est de devenir chef de projet.

Je les accuse de gangrener l’économie numérique française. D' une part en dévalorisant ceux qui voudraient devenir bon techniquement (alors qu’on en manque cruellement), d'autre part en créant des chefs de projet qui, étant nuls techniquement, n'ont pas les compétences nécessaires pour mener un projet informatique à bien. Je les accuse de privilégier la rentabilité de leur société à la réussite des projets pour lesquelles on leur confie une prestation.

J’accuse le modèle économique de ces mêmes sociétés.

Je l’accuse de ne pas être viable pour plusieurs raisons:

- Il nécessite de considérer des hommes comme une ressource qu’on optimise en générant le maximum de revenues à partir du minimum d’investissement. Ce qui sert de justification à payer peu des développeurs qu’on ne forme jamais.

- Il ne place pas (mais alors pas du tout) l’utilisateur final des logiciels conçus au centre du projet. Cela déresponsabilise fortement les concepteurs de la solution et encourage même à créer des produits de mauvaise qualité, augmentant le cout de maintenance.

A ces SSII je dis: comment se fait-il que vous ne soyez pas tous éditeurs de logiciels? Vous avec une ressource potentiellement en inter contrat. Formez la, développez des projets en interne, organisez des concours!

Et ne doutez pas qu'un client qui souhaite vraiment que son projet réussisse sera prêt à payer un TJM élevé pour un profil technique vraiment compétent. Que vous le vouliez ou non, ce n'est pas d’un chef de projet seul, aussi brillant soit-il, que dépend la réussite d’un projet.

Je vous recommanderais par ailleurs de revoir votre modèle économique. Avez-vous besoin d'autant de managers? De si grand locaux? Avez-vous songé à donner des formations? Etes-vous bien conscient que c'est seulement ceux qui sont en mission chez des clients qui créés de la valeur, et qu’ils portent le reste de la société ? Que votre réputation dépend de la réussite des projets où sont placés vos collaborateurs ?

J’accuse les écoles d'ingénieurs.

Je les accuse de formater au plus tôt "l’élite de la nation". Je me souviens très bien avoir entendu qu'on ferait un peu de technique au début (comme une sorte de bizutage), mais qu' ensuite nous "évoluerions" vers chef de projet, métier tellement plus enrichissant (dans tous les sens du terme).

Vous vous trompez, ce serait comme expliquer à une méduse qu’elle doit évoluée en cheval, car ce serait mieux pour elle. Non, c'est des choses totalement différentes, il faut arrêter de prétendre que l'un est l’évolution logique de l’autre.

A ces écoles je dis: je suis développeur, j’adore ça, et je gagne bien mieux ma vie que si j'étais devenu chef de projet comme vous me l’aviez suggéré. Respectez les envies et les compétences de chacun, cessez de dévaloriser les métiers techniques.

Et enfin j’accuse les clients.

Ceux qui abusent de ce système sans se poser de question sur la qualité et le coût global de leur produit. Ceux qui ont décidés de laisser le service achat choisir des prestataires. Ceux qui considèrent ouvertement qu’acheter une prestation informatique nécessite les mêmes compétences qu’acheter des chaises de bureau.

Je dis à ces clients: attention, si vous ratez la révolution numérique, si vous n'en maitrisez pas les enjeux, vous êtes une entreprise du siècle précédent.

Si vous considérez vos besoins informatiques comme un centre de coût uniquement, et pas comme un centre de création de valeur potentiel, vous avez déjà raté un point crucial de la révolution numérique.